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faire. Priés Dieu qu’il lui dessille les yeux et le guérisse de sa faiblesse[1]. Quant aux nouveaux troubles que vous fait Mme vostre belle-mère, vous vous y estes deu attendre de l’humeur dont vous la connoissez…

Chapelain adoucit de son mieux, le 20 avril 1662, le coup qu’il porte à Madame de Flamarens (p. 222), en lui apprenant que les biens de son fils aîné vont être confisqués au profit de l’Hôpital général en vertu de la loi contre les duellistes :

Mon inquiétude présente est que la grandeur de vos maux ne vous décourage et ne vous rende moins capable d’y résister. Cependant c’est aux grandes occasions qu’il se faut roidir et qu’on doit recueillir tout ce que l’on a de force et, pour s’en servir avec succès, implorer la grâce de Dieu qui n’abandonne jamais entièrement ceux qui l’ayment et le craignent comme vous faites. Vous ne sçauriez vous relascher sans empirer vostre condition et nuire à toute vostre maison qui ne porte que sur vous et à qui le Ciel et la Nature en ont remis la conduite. La vie nous est donnée à cette condition d’estre rudement exercée aux uns d’une sorte, aux autres d’une autre, pour nous rendre par ces travaux dignes de la récompense dernière qui ne nous est préparée que là-haut. C’est le chemin que les saints ont tenu et ce grand nombre de vertueux infortunés à qui leurs malheurs et leurs souffrances ont tenu lieu de martyre. Après le trouble viendra la sérénité et le repos après la peine. Je compatis à la vostre plus que je ne vous le puis exprimer et je ne vous en dis rien davantage de peur de vous la faire sentir plus vive et plus amère. Plust à Dieu que ce que j’en porte vous en pust soulager au moins en partie !

Une fatalité, une fatalité implacable, semble poursuivre Mme de Flamarens. C’est maintenant son troisième fils, le chevalier, qui reçoit, à son tour, une blessure et qui excite les alarmes de la plus malheureuse des mères. Reprenant le

  1. Le correspondant si dévoué de Mme de Flamarens n’eut pas tort de lui faire espérer que cette faiblesse ne durerait pas. Non-seulement les généalogistes n’indiquent point le mariage en Espagne du marquis de Flamarens, mais les documents officiels conservés aux archives départementales de Lot-et-Garonne, et déjà cités, nous apprennent qu’il mourut sans alliance.