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et qui le préservera de tous les accidens à quoy ce jeune ange est sujet. Je veux croyre qu’il est bien aymé dans toute vostre famille et que Monsieur vostre beau-père[1] ne luy veut pas moins de bien qu’au premier. Lorsqu’il sera en aage de connoissance, il le faut de bonne heure ployer au respect qu’il luy doit porter toute sa vie et l’y porter par vostre propre exemple.

Mme  de Flamarens transmit sans nul doute avec empressement, à Chapelain, ces détails que les mères aiment tant à donner, car, le 12 août, Chapelain, après avoir plaint la jeune femme de sa longue maladie[2], vante ainsi le nom donné au nouveau né (p. 477) : « Le nom [François] est beau et de bon augure. Je prie Dieu qu’il bénisse l’enfant qui le porte et qu’il le fasse ressembler en vertu à ceux qui l’ont mis au monde. » Le judicieux Chapelain ajoute : « Vostre séjour à Montastruc[3] vous rendra encore plus capable de vos affaires. C’est à quoy je vous loue extrêmement de vous attacher. » Le courage que déployait Mme  de Flamarens dans cette résidence — ah ! si mes lecteurs connaissaient Montastruc ! — arrachait des cris d’enthousiasme à la mondaine marquise de Sablé, comme Chapelain nous l’apprend (p. 502) dans une lettre du 28 septembre :

Je vis, il y a quinze jours, Mme  la marquise de Sablé qui me demanda de vos nouvelles et me donna occasion de luy faire entendre avec combien de vertu vous vous estiés résolue au voyage de Guienne et avec combien de sagesse et de constance vous persévériés dans le dessein d’y demeurer tant que vostre devoir et le bien de vos affaires vous y obligeront. De l’humeur dont elle est, cela luy passa pour une action héroïque et elle ne se pouvoit lasser de vous admirer. Ensuite je luy dis la substance de la dernière lettre que vous m’avés escritte, qui luy sembla sensée et spirituelle de la bonne sorte, et vous receustes encore beaucoup de louange de ce costé là…

  1. C’était Jean de Grossolles, chevalier, baron de Flamarens et de Montastruc, seigneur de Buzet, etc. ; il avait épousé, en décembre 1609, Françoise d’Albret, fille de Henri d’Albret et d’Antoinette de Pons.
  2. Il maudit de nouveau, le 17 avril (p. 487), cette incurable fièvre.
  3. Montastruc, aujourd’hui commune du département de Lot-et-Garonne, arrondissement de Villeneuve-sur-Lot, canton de Montclar.