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qu’il vous avoit osté, sitost après vostre perte, et sans doute, comme je l’apprens, avec tous les signes qui vous peuvent faire espérer de l’eslever. Ce vous doit estre une grande consolation d’avoir eu si promptement un si bon remède à vostre douleur… Il [le nouvel enfant] sera l’entretien et l’espérance de toute leur maison [de la maison du beau-père et de la belle-mère de la marquise] et, au lieu où il a pleu à Dieu de le faire naistre, vous aurés en eux de bien fidelles secours pour sa bonne nourriture qui est, après vostre affection envers Mr  vostre mary, le plus important de vos devoirs. Vous estes si sage et si pleine de vertu que vous n’avés point besoin de préceptes pour vous en acquitter. Aussy ne vous en donne-je aucun autre en cette occasion, sinon de ne le perdre guère de veue, et de luy imprimer par vostre exemple, quand il sera en âge de raison, ce qu’il doit à Dieu, à ceux qui l’ont mis au monde et à soymesme. J’attends depuis long-temps cet accouchement pour voir vostre guérison parfaitte, qu’il semble que l’on ait remise jusques là. C’est à quoy il importe que vous travailliés à bon escient, afin d’estre plus propre à agir dans toutes les rencontres où vous peuvent engager vos affaires et le service de la maison où vous estes entrée, car je ne mets point de différence entre les vostres et les siennes. Surtout durant l’absence de Mr  vostre mary, qui n’est pas moins accompagnée de péril que d’honneur, redoublés vos prières pour sa conservation et demandés tous les jours à Dieu au pied de l’autel et devant le sacrifice qu’il rende son courage heureux et qu’il vous le rende couronné de gloire. Si vous n’estiés la modestie et la sagesse mesme, je vous recommanderois d’en tesmoigner plus maintenant que jamais. Mais c’est à d’autres qu’il faut donner de ces avis et non pas à vous qui n’avés à suyvre que vostre beau naturel pour bien faire toutes choses, et qui ne pourriés sans un effort extraordinaire manquer à la moindre de vos obligations.

Le 6 août 1639, Chapelain complimentait (p. 471) la marquise, dont le mari n’avait pas été blessé à la prise de Salses, et il la priait de lui donner des nouvelles de la santé du guerrier, ajoutant :

J’apprendray aussy volontiers l’estat de celle de vostre mignon, et s’il a été baptisé en cérémonie, qui l’a tenu sur les fonds et comment on l’a nommé. Il le faut, tous les jours, offrir à Dieu afin qu’il l’ait en sa garde. C’est son soin paternel qui fera valoir tous les vostres