Page:Tamizey de Larroque - La bibliotheque de Mlle Gonin.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA BIBLIOTHÈQUE
DE
MADEMOISELLE GONIN


Un ami qui a lu ma petite notice sur l’intrépide vigneron Joseph Gonin, m’a demandé quelques détails sur la collection de livres formée par la fille de mon rustique héros, collection dont j’avais dit, en passant, deux ou trois mots[1]. Comme les détails demandés par le cher curieux pourraient intéresser d’autres lecteurs, je viens publiquement causer avec lui des vénérables bouquins de Mlle  Gonin. Je dis causer, car cet article ne sera qu’une simple et familière causerie accompagnée de descriptions bibliographiques.

Un rapprochement qui s’impose tout d’abord à notre attention, c’est celui-ci : Mlle  Gonin a mis autant de zèle persévérant à réunir ses bien aimés vieux livres, que son infatigable père en a mis à créer et soigner le vignoble de Saint-Joseph. Avec une patience et une té-

  1. — P. 9 du tirage à part (Agen, 1884). Un de mes plus chers confrères et amis, M. R. Dezeimeris, a rendu compte, dans les Actes de l’Académie de Bordeaux, de mon opuscule. Il m’a trop loué pour que je puisse le louer à mon tour, mais je citerai de son compte-rendu, qu’il a intitulé : Un grand exemple agricole (Tirage à part. Gounouilhou, 8 p. in-8o), quelques lignes exquises qui donneront à tous le désir de le lire bien vite en entier (p. 4) : « Gonin a voulu être enseveli dans son vignoble, sous son œuvre il regarde de là ce que font les plus jeunes. Vainqueur, il a, comme le vieil athlète de Virgile, déposé en ce lieu les armes que pendant si longtemps il avait employées au profit des siens et des autres. S’imagine-t-on ce que pendant ces soixante-dix années, ses bras intelligents et jamais lassés ont fourni de production, de richesse ? Et que n’obtiendrait-on pas d’un admirable pays comme le nôtre, si chacun faisait en sa vie ce que Gonin sut faire après sa soixante-quinzième année ? »