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à posséder une bibliothèque vraiment remarquable et où l’on trouve force vieux livres qui manquent à nos dépôts publics les plus renommés.

Pour que l’on ne me soupçonne pas d’exagération, je vais citer, à la louange de la collection de Mlle Gonin, trois faits dont j’ai été le témoin et qui sont plus éloquents que toutes les phrases du monde.

Il y a deux ans, j’avais le bonheur de donner l’hospitalité à M. l’abbé Louis Bertrand, directeur au grand séminaire de Bordeaux, le biographe de Laurent Josse Le Clerc et l’auteur de tant de savoureux articles historiques et bibliographiques dont la réunion prochaine en un fort volume — fort de toute façon — constituera un festin digne des gourmets les plus délicats[1]. Un des moindres mérites de mon savant ami, c’est d’être un bibliophile accompli. Il préparait alors un des articles dont je viens de parler et il m’exprimait le regret de n’avoir trouvé ni dans la riche bibliothèque du grand séminaire, dont il est depuis plus de vingt ans le conservateur, ni dans la bibliothèque plus riche encore de la ville de Bordeaux, un livre rarissime du XVIIe siècle, qui lui était indispensable. « Je m’enorgueillis, lui dis-je, de constater que ma petite ville natale va vous fournir l’ouvrage que la splendide ville de Bordeaux n’a pu mettre à votre disposition. » Un quart d’heure après, mon cher hôte tenait entre ses mains frémissantes d’enthousiasme le bouquin qu’il avait tant cherché, et Dieu sait s’il en tirait parti !

Un an plus tard, ma maison avait l’honneur d’abriter une femme qui joint à la plus délicate modestie un talent et un savoir hors ligne. Mlle Marie Pellechet, l’auteur d’un ouvrage qui, sous le simple titre de Notes sur les livres liturgiques des diocèses d’Autun, de Chalon et de Mâcon (Paris, Champion, 1883, grand in-8o de XII, 537 pages), est un monument[2], tint à voir la collection de Mlle Gonin ; elle passa

  1. — Grand in-8o de 550 pages environ, intitulé : Mélanges de biographie et d’histoire (Bordeaux, librairie Féret). Une seule chose m’inquiète l’ouvrage n’est tiré qu’à 50 exemplaires et je me demande si, comme à la première représentation du Cid, il n’y aura pas quelques personnes étouffées parmi celles qui, le jour de la mise en vente, encombreront les abords de la librairie Féret.
  2. — Ce n’est ici ni l’ami, ni le gascon qui parle, c’est l’interprète des juges les plus compétents qui ont examiné cette œuvre bénédictine. Qu’il