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jusqu’à la fin de 1700 » publiée en 1703[1] nous fournit le peu que l’on sait sur la définitive disparition de la statue dont la beauté avait ravi un connaisseur tel que Peiresc. Ce fut en 1686, 92 ans après la découverte de ce trésor, que les flots l’engloutirent, comme nous l’apprend ce triste et sec récit du dernier des continuateurs de G. de Lurbe (p. 112) :

« Du même jour (12 octobre), M. de Besons, intendant de la province, ayant fait connoître que le Roy seroit bien aise d’ajouter aux ornemens de Versailles celuy de quelques statues antiques, il fut délibéré qu’on offriroit celle de la Messaline qui étoit dans une niche de l’Hôtel-de-Ville. Le Roy ayant eu la bonté d’accepter l’offre desdits sieurs jurats, et de les en remercier par une lettre écrite par M. de Châteauneuf, secrétaire d’État, cette statue qui étoit une des plus belles et des plus curieuses de l’antiquité, fut envoyée en cour dans un bâteau chargé de marbre qui périt malheureusement, et fit nauffrage dans l’embouchure de la Rivière. »

De cette oraison funèbre d’une statue qui était une des plus belles et des plus curieuses de l’antiquité, tirons cette moralité : il ne faut jamais faire voyager des objets d’art dont la perte serait irréparable, même quand on destinerait ces objets d’art à un palais aussi splendide que celui de Versailles et à un roi aussi grand que Louis XIV.


7921 Bordeaux, Ve Cadoret, impr., rue Montméjan, 17.
  1. Bordeaux, Simon Boé, in-4o.