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exprimés par le savant éditeur du Procès-verbal de ma persécution (titre primitif du journal), et nous aimons à croire que les hommes d’intelligence et de cœur qui administrent la ville de Bordeaux tiendront à honneur de réparer une si longue injustice, une si longue ingratitude, et donneront à une des nouvelles rues de notre magnifique cité le nom de ce héros du devoir qui, au milieu des plus cruels tourments, déploya, selon le mot du P. Berthod en ses Mémoire, « une fermeté qui n’est pas concevable » le nom de Jacques de Filhot.

Le journal du Bon François persécuté, titre pris par l’ancien secrétaire de la Chambre du roi, devenu trésorier général de France à Montauban et conseiller d’État, en tête de son épître dédicatoire à Louis XIV, est très curieux, très émouvant. Filhot raconte avec la plus grande sincérité ce qu’il a fait pour éteindre les feux horribles de la guerre civile, ce qu’il a souffert pour la noble cause de son pays. En de pareilles circonstances, combien de narrateurs, surtout s’ils avaient subi l’influence attribuée aux bords de notre chère Garonne, auraient cru pouvoir se livrer à de déclamatoires exagérations ! Filhot ne se permet aucune gasconnade. Fidèle à l’engagement qu’il a pris, au début de son journal, de n’apporter aucune passion dans son récit, il reste calme en parlant de ses tortures, il reste modéré en parlant de ses bourreaux. Félicitons et remercions M. Communay d’avoir mis entre nos mains un document où les détails les plus minutieux sont reproduits aussi exactement que dans