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DOCUMENTS INÉDITS SUR GASSENDI.

Il revient à Paris au commencement d’octobre.

Au mois de novembre il tombe malade le vingt-septième jour et tient la chambre jusqu’au 6 janvier, jour des Rois[1].

1655. — Aagé de soixante quatre ans.

Il est à Paris[2].

Au mois d’aoust, le 23[3] il retombe malade et une fièvre continue, après soixante-trois jours et treize saignées faictes par ordonnance des médecins[4] le réduit au tombeau au grand regret de tous les sçavants[5] le vingt-quatrième jour d’octobre[6].

    délasser au Menil, maison de Montmor (sans doute Mesnil-le-Roi, commune du canton de Saint-Germain-en-Laye, entre la Seine et la forêt de Saint-Germain), où il observa une éclipse de soleil. C’est cette même éclipse qui, comme l’a raconté Fontenelle, et comme l’a rappelé Arago (Astronomie populaire, tome II, p. 532), effraya tant les Parisiens, qu’ils se cachèrent presque tous dans leurs caves.

  1. À la marge du manuscrit se trouve cette note : Au mois de décembre Valesius moritur Gratianopoli.
  2. Encore à la marge du manuscrit : Wormius moritur Hafniæ. C’est l’historien et antiquaire danois Oslaüs Worm : il mourut le 7 septembre, laissant dix-huit enfants et au moins autant de volumes in-4o.
  3. Bougerel, moins précis que l’auteur des Mémoires, se contente de dire (p. 609) : au commencement de l’automne.
  4. Bougerel (p. 109) parle aussi de ces treize meurtrières saignées, d’après Sorbière. « Ces médecins, dit-il, n’épargnant, pas son sang il était déjà extrêmement affaibli de neuf saignées, lorsqu’il leur proposa en forme de doute s’il ne serait pas plus à propos de ne le plus saigner, puisque les forces lui manquaient. » Tout fut inutile, même la ruse du rédacteur de nos Mémoires (p. 410) : « La Poterie, son secrétaire, ayant voulu lui épargner une saignée, son officieux mensonge fut découvert, il en fut vivement réprimandé et le malade n’en fut saigné que plus copieusement. » On comprend, après cela, l’énergie avec laquelle le docte Pierre Borel (dans un ouvrage de médecine cité par Bougerel) anathématise ces excessives ouvertures de veine : « Je pourrois compter ici parmi ceux qui ont été les victimes des trop fréquentes saignées ce grand homme dont la perte fut pleurée par toute l’Europe, et même dans le monde entier, et rapporter les paroles qu’il dit avant que d’expirer Il avoua qu’il mouroit dans la vigueur de ses ans, pour avoir été trop docile aux médecins. » Patin, en revanche, se montre très-scandalisé et trés-irrité du blâme infligé par Sorbière aux buveurs de sang qui tuèrent Gassendi.
  5. Patin se fit l’interprète de ces unanimes regrets dans sa lettre du 26 octobre 1655 : « Per tanti viri obitum grave vulnus agnosco inflictum republicæ litterariæ : eum lugebunt artes mathematicæ, lugebit sanctor et purior philosophia.  » Observons que le dernier éditeur des Lettres de Guy Patin, M. J.-H. Reveillé-Parise, a, contre tous les témoignages, fait mourir Gassendi le 25 octobre (note 1 de la page 216 du tome 1846).
  6. Je regrette que La Poterie, qui, pendant toute la maladie de Gassendi, resta auprès de lui, avec un autre fidèle disciple, Bernier, n’ait pas rappelé ici les dernières paroles de son maître. On a raconté que Gassendi dit à son secrétaire d’une voix mourante : Il vaut mieux s’endormir paisiblement dans le Seigneur, après avoir vu ses forces épuisées, que de perdre la vie avec de plus vifs sentiments de douleur, et qu’un peu plus tard, appliquant sur son cœur qui déjà ne battait presque plus la main de son ami, il murmura cette parole suprême : Voilà ce que c’est que la vie de l’homme. Il est inutile d’ajouter que les novissima verba attribués à Gassendi par Deslandes (Réflexions