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DOCUMENTS INÉDITS SUR GASSENDI.

Monsieur Luillier, son amy, passant par là y tombe malade ; il l’assiste et ne le quitte point tant qu’il (ne) fut guary.

1651. — Aagé de soixante ans.

Au mois d’avril il s’en va à Digne, Monsieur Luillier estant party pour l’Italie et Monsieur le duc d’Angoulesme pour Paris[1].

1652. — Aagé de soixante et un ans.

Il est à Digne.

1653. — Aagé de soixante et deux ans.

Au mois d’avril il s’en va à Paris et loge chez Monsieur de Montmor, conseiller du Roy en ses Conseils et Maistre des Requestes ordinaire de son hostel[2].

Il passe par Sisteron pour voir M. Arbaud, sieur de Bargemon, évesque dudit

  1. C’est ce que Bougerel (p. 351) avait tiré des lettres de Gassendi : « Luillier se trouvant un peu mieux voulut absolument partir pour l’Italie, et tout ce que put faire Gassendi fut de l’accompagner jusqu’aux isles d’Hyères, où il s’embarqua : ensuite Gassendi quitta Toulon au milieu du mois d’avril, s’en alla à Digne, etc. » Tallemant des Réaux (Historiettes, t. IV, pp. 194-195) parle ainsi du dernier voyage de Luillier « Il alla en Provence trouver son bastard, qu’il avoit donné à instruire à Gassendi, son intime, qui avoit logé icy chez luy si long temps. Il fut bien malade à Toulon ; de là il passa en Italie, fut encore malade à Gênes, et enfin mourut à Pise. Il n’y a jamais eu que luy au monde qui se soit fait conseiller à Toul pour aller mourir à Pise. » Le savant annotateur des Historiettes a publié (t. IV, Appendice. pp. 489-516) dix lettres de Luillier à Boulliaud : la dernière de ces lettres est écrite « de Toulon, ce 26e de décembre 1650 » ; Luillier y parle de sa maladie, de Gassendi, du départ du duc d’Angoulême (du 6 du même mois), etc. À la charge du manuscrit 12270, en regard du passage relatif à Luillier, on lit : Luillerius moritur Pisis in Italia en febvrier 1652. Bougerel n’a pas connu cette date du moins, il ne l’indique pas. À la même marge on trouve cette note qui s’applique l’année 1651 « Petrus Puteanus moritur Parisiis die XIV decembris. »
  2. Henri-Louis Habert de Montmor habitait la rue Saint-Avoye, comme nous l’apprennent les lettres que le neveu de Gassendi écrit à son oncle. Bougerel, dit, d’après Sorbière, qui était un des habitués du cabinet du magistrat-académicien (p. 372) « Le mois de may arrivé, Gassendi, accompagné de Bernier, prit la route de Paris et fut descendre à l’hôtel de Montmor. Henri-Louis Habert de Montmor, l’un des quarante de l’Académie française, philosophe, poète latin, et un de ses anciens et meilleurs amis, l’avoit fait prier très-instamment par Chapelain et par Neuré de prendre un appartement chez lui ; il lui en avoit écrit lui-même de la manière la plus pressante. » L’abbé d’Olivet (Catalogue de Messieurs de l’Académie, t. I de l’édition donnée par M. Livet de l’Histoire de l’Académie française, p. 560) s’exprime ainsi « Gassendi, le plus savant philosophe du dernier siècle, et comparable lui seul à tous ceux qui sont venus depuis Aristote, éprouva dans la maison de M. de Montmor que la possession d’un bon ami peut tenir lieu de tout. Il y vécut plusieurs années, il y mourut et M. de Montmor, après avoir recueilli ses derniers soupirs, non-seulement lui érigea un mausolée dans Saint-Nicolas-des-Champs mais ce qui valoit encore mieux pour la gloire de son ami, et pour l’utilité du public, il rassembla tous les ouvrages de ce grand homme en six volumes in-fo. À la tête de cette édition se trouve une préface latine de M. de Montmor, écrite sensément et de bon goût. »