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ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sera venu, subitement terroriste[1]. Toutes ces Loges avaient donc bien pour mot d’ordre l’une des prescriptions maîtresses du code illuministe : « Le frère illuministe pourra avoir l’air de remplir quelque fonction publique en faveur de ces mêmes puissances

  1. «… Sous ce Grand Orient, une Loge plus spécialement chargée de la correspondance étrangère était, à Paris, la Loge appelée des Amis Réunis. Dans celle-ci, se distinguait surtout le fameux révolutionnaire Savalette de Lange. Cet adepte, chargé de la Garde du Trésor Royal, c’est-à-dire honoré de toute la confiance qu’aurait pu mériter le sujet le plus fidèle, était en même temps l’homme de tous les mystères, de toutes les Loges et de tous les complots. Pour les réunir tous, il avait fait de sa Loge le mélange de tous les Systèmes sophistiques, martinistes et maçonniques. Mais pour en imposer davantage au public, il en avait fait aussi en quelque sorte la Loge des plaisirs et du luxe de l’Aristocratie. Une musique mélodieuse, les concerts et les bals y appelaient les Frères du haut parage ; ils y accouraient en pompeux équipage. Les alentours étaient munis de gardes, pour que la multitude des voitures ne causât point de désordre. C’était en quelque sorte sous les auspices du Roi même que ces fêtes se célébraient. La Loge était brillante, les Crésus de la Maçonnerie fournissaient aux dépenses de l’orchestre, des flambeaux, des rafraîchissements, et de tous les plaisirs qu’ils croyaient être le seul objet de leurs réunions ; mais, tandis que les Frères, avec leurs adeptes femelles, ou dansaient, ou chantaient, dans la salle commune, les douceurs de leur égalité et de leur liberté, ils ignoraient qu’au-dessus d’eux était un comité secret, où tout se préparait pour étendre bientôt cette égalité au delà de la Loge, sur les rangs et les fortunes, sur les châteaux et les chaumières, sur les marquis et les bourgeois… » (Barruel, Mémoires, t. V, chap. xi.)