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profonde mélancolie jusqu’à ce qu’elle l’eût vu marié avec une autre ; après, elle se guérit quand elle n’eut plus d’espérance.

Voici comment Fontenay se maria : il eut connoissance d’une grosse mademoiselle Des Cordes, veuve d’un auditeur des comptes, qui étoit mort incommodé, de sorte que cette femme n’avoit pu retirer toutes ses conventions matrimoniales ; elle vivotoit tout doucement, et alloit manger chez madame Rouillard et chez madame Le Lièvre, de la rue Saint-Martin, qui étoient des femmes riches et ses voisines. Fontenay, alors capitaine aux gardes, la trouva à son goût ; elle étoit gaie et agissante. Le mariage fut fait du soir au matin : cette fois-là il trouva chaussure à son pied, car c’étoit une maîtresse femme qui le rangea si bien, qu’on dit que de peur il s’alla cacher une fois dans le grenier au foin. Cela excuse Barinière que Fontenay Coup-d’Épée ait choisi même retraite que lui. Il ne dura guère, et elle s’est remariée.

Pour le chevalier de Miraumont, son camarade, ce fut aussi un brave. Il y avoit certaines gardes d’épée qu’on appeloit à la Miraumont. C’étoit un assez plaisant homme. « Mon père, disoit-il, fit un jour apporter une demi-douzaine d’œufs frais pour déjeûner. J’en mangeai quatre ; mon père me dit : — Vous êtes un sot. — Je lui répondis : « Vous avez menti, vieux b....., et quelques autres petites paroles de fils à père… »

Un jour qu’une femme, à qui il devoit de l’argent, l’étoit venu trouver qu’il étoit encore au lit, pour l’empêcher d’y revenir une autre fois, il l’alla con-