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cria un peu M. de Rohan, car Cossé n’est pas même en trop bonne réputation.

Le cardinal Mazarin, qui avoit dessein, peut-être dès ce temps-là, de faire alliance avec le maréchal, se déclara pour lui, et demanda à Cossé sa parole. Depuis, on voulut faire accroire à M. de Rohan qu’il vouloit cabaler avec le parlement de Bretagne, parce qu’il étoit mal satisfait des États ; c’est que le parlement prétendoit qu’il lui appartenoit de vérifier ce qu’on vouloit lever sur les fouages, outre le don gratuit ; mais parce que la vérification étoit hasardeuse, qu’on étoit pressé d’argent, et que les partisans ne vouloient point traiter sans cela. Le maréchal offrit de lever ce droit sans vérification, et pour cela il eut tous les rieurs de son côté, et on lui envoya de la cour tout ce qu’il avoit demandé. Depuis, M. de Rohan et le maréchal firent la paix.

Il fut encore en Bretagne l’année suivante, où l’on fit une assez plaisante chose à madame de Rohan. Elle fut conviée à une comédie chez quelques particuliers ; les comédiens, à la farce, représentèrent une héritière qui étoit recherchée par trois hommes : elle leur dit qu’elle se donneroit à celui qui danseroit le mieux. L’un danse la bourrée, le second la panavelle et le dernier la chabotte ; elle choisit le dernier. Madame de Rohan, au lieu de dissimuler, fut si sotte qu’elle éclata et sortit de l’assemblée. On dit aussi que les Jésuites de Rennes, pensant bien obliger M. de Rohan, firent jouer par leurs écoliers toute l’histoire de ses amours.

Ils traitèrent ensuite du gouvernement d’Anjou ; ils y vécurent fort simplement, mais mademoiselle Cha-