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alla dire qu’il avoit bien blessé son homme, et ils ne s’étoient pas fait une égratignure. Le comte d’Aubijoux en rendoit pourtant assez bon témoignage, car l’épée du comte s’étant faussée, Chabot lui donna le temps de la redresser. En revanche, Aubijoux, le pouvant désarmer ensuite, ne le fit pas.

Durant le temps de cette moquette, on disoit déjà assez de choses, car l’affaire de la bague avoit fait du bruit ; ils s’avisèrent de faire le procès à on, parce qu’ils entendoient dire : on dit que vous faites ceci, on dit que vous faites cela. Je pense que Mirandé, qui est premier commis de M. Servien, avoit fait cette bagatelle, car il n’y avoit là que lui qui sût les termes de pratique qui y étoient.

En ce temps-là, comme il ne tint qu’à Chabot d’épouser madame de Coislin[1], il fit fort valoir à mademoiselle de Rohan ce qu’il manquoit pour l’amour d’elle, et elle lui dit, sur cela, qu’il pouvoit tout espérer.

Ruvigny croit que Chabot a couché avec elle avant que de l’épouser ; mais je crois que son premier galant valoit bien celui-là, car il a la réputation de frère Conrart, au livre des Cent Nouvelles, et on appelle son bourdon à la cour, le carré, comme celui du baron du jour Brilland, peut-être à cause du conte d’un Brilland, dans le Baron de Feneste.

À la cour, on n’étoit pas fâché que cette glorieuse

  1. Quand il vit que l’affaire de M. de Laval étoit bien avancée, il fit dire au chancelier que le respect qu’il lui portoit l’avoit empêché d’y entendre. Dans la vérité Chabot étoit amoureux de madame de Sully, et point de mademoiselle de Rohan, non plus que de madame de Coislin. (T.)