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Anne de Bretagne qui l’ait eu, et ce fut en considération de ce qu’elle venoit de Charles de Blois,qui avoit disputé la Duché[1]

Il a eu cinq mères à la fois madame de La Varenne, madame de Vertus, madame Feydeau, la comtesse Du Lude et madame de Clermont.

Mademoiselle de Clermont,qui a de l’esprit, vit bientôt qu’elle avoit fait une sottise ; car cet homme ne bouge de chez lui à Clisson, et, en huit ans, elle n’est venue qu’un pauvre petit voyage à Paris ; encore fut ce pour un procès. Cette maison a sept,ponts-levis, et ce sont. des précipices tout autour. Elle appartenoit autrefois, je pense, au connétable de Clisson, qui la fortifia ainsi contre le duc de Bretagne. Là, cet homme s’est amusé à faire une grande dépense en serrures ; pour tout le reste il est avare[2]. Je ne voudrois point d’un mari qui ne dépensât qu’en serrures.

Il épousa, en premières noces, mademoiselle Du Lude, une des plus belles et des plus douces personnes de ce siècle. Il en devint jaloux sans sujet ; mais, comme on l’a vu par la suite, il étoit impuissant. Sa seconde femme a dit depuis, comme on lui proposoit de l’en délivrer en» lui faisant un procès sur l’impuissance : « Qu’une honnête femme ne se plaignoit jamais de cela. » La petite-vérole étant à Clisson dans toutes les maisons de la ville, il obligea sa femme d’y aller ; elle se trouva mal aussitôt, et elle entendit qu’il disoit au médecin « Pour son visage, je ne m’en soucie guère mais il ne faut pas qu’elle meure. » Elle fut

  1. A la maison de Montfort.
  2. On dit qu’il a parqueté une écurie.(T.)