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être de ses amis. Bois-Robert l’ayant prié de je ne sais quoi qu’il ne fit pas, s’en plaignit, et dit étourdiment que, s’il en eût prié mademoiselle Vincent, cela eût été fait aussitôt. Servien, piqué de cela, dit à Bois-Robert, dans la salle des gardes du cardinal : « Écoutez, monsieur de Bois-Robert, on vous appelle le Bois ; mais on vous en fera tâter. » Bois-Robert lui répondit : « Votre maître et le mien le saura. » Servien va pour dîner à la table ronde à laquelle le cardinal ne mangeoit point. Bois-Robert entre ; le cardinal lui dit : « Qu’avez-vous, le Bois ? vous êtes bien triste. — Monseigneur, ne m’appelez plus ainsi ; ce nom vient d’être profané : on me menace. » Saint-Georges, capitaine des gardes du cardinal, ami de Servien, court pour l’avertir. Servien se dépêcha de dîner ; mais il arriva trop tard, car le cardinal sut tout. Il dit à Bois-Robert : « Avez-vous des témoins ? — Tous vos domestiques ; mais ils ne voudront rien dire : il y a encore Chalusset, lieutenant du château de Nantes. » Bois-Robert va à Chalusset, et le gagne par l’espérance que M. de Bullion, ennemi de Servien, lui feroit du bien. En effet, Chalusset eut deux mille écus pour cela, et Bois-Robert autant. Bullion lui dit : « Allez, vous êtes mon fait ; il me faut un homme comme vous auprès de M. le cardinal. Venez me voir. » Mais Bois-Robert ne put se tenir de faire des contes de lui. Voici ce qu’il dit à Ruel dans le parc : Bullion eut envie de faire ses affaires ; il alla dans le bois, et, appuyé sur Nazin, son courrier, et Coquet, son maquereau, il se déchargeoit de son paquet. Bois-Robert alla dire au cardinal que des provinciaux, voyant je ne sais quoi de blanc à travers les feuilles, faisoient de grandes révérences, pre-