Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



M. ET MADAME DE BRASSAC.


M. de Brassac étoit un gentilhomme de Saintonge, qui tenoit rang de seigneur. Durant les guerres de la religion, comme il étoit encore huguenot, il fut gouverneur de Saint-Jean-d’Angely. Il étoit hargneux, toujours en colère, et, quoiqu’il eût étudié, il n’avoit pourtant point pris le beau des sciences et des lettres. On dit qu’un jour que ceux de la Maison-de-Ville s’assembloient pour faire un maire, il leur dit : « Allez, messieurs, allez, et faites un maire qui soit homme de bien. — Oui, oui, monsieur, répondirent-ils, nous en ferons un qui ne sera point rousseau. » Or, il l’étoit en diable.

Il épousa la sœur du marquis de Montausier, père de celui d’aujourd’hui, dont il n’a pas eu d’enfants. Ce M. de Montausier, son beau-frère, avoit une femme catholique, sœur de Des Roches Bantaut, lieutenant de roi de Poitou, de la maison de Châteaubriant. M. de Brassac la fit huguenote, et depuis il changea de religion avec sa femme, et vouloit persuader à cette dame de changer encore, ce qu’elle n’a jamais voulu faire. Le père Joseph prit ce M. de Brassac en amitié, lui fit avoir l’ambassade de Rome, puis le gouvernement de Lorraine, et enfin le gouvernement de Saintonge et d’Angoumois, avec la surintendance de la maison de la Reine : et quand madame de Brassac fut faite dame