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de son haut[1] ; revenue, elle se confessa sur l’heure ; elle n’en fut malade que dix ou douze jours. Toute la cour l’alla voir ; la Reine y envoya. Le Roi en passant arrêtoit, et envoyoit savoir comme elle se portoit. M. Valot, premier médecin du Roi, y fut de leur part. Des gens qui ne la voyoient point y allèrent ; c’étoit la mode. Il en arriva quasi autant l’année passée, qu’elle eut un rhumatisme dont elle se porte bien ; quoiqu’elle ait quatre-vingts ans, elle est allée à Saint-Paul rendre grâces à Dieu avec un manteau de chambre noir doublé de panne verte ; c’est une antiquaille qu’elle a il y a long-temps. Elle a une maison aussi propre qu’il y en ait à Paris.

Depuis peu, je ne sais quelle femme, qui n’est plus guère jeune, est allée la voir toute parée de pierreries du Temple[2], et lui a dit que la grande réputation qu’elle avoit, etc. Après elle lui a demandé si elle ne connoissoit personne qui fût curieux de parfums de gants d’Espagne, de pastilles de bouche et autres choses semblables ; que le secrétaire de l’ambassadeur du Portugal en faisoit venir d’admirables. Madame Pilou lui dit : « N’avez-vous que cela à me dire ? — Hé ! madame, répondit cette femme, comme vous êtes bonne amie, et que tout le monde dit que vous conseillez si bien les gens, je voudrois bien vous demander par quel moyen je pourrois me séparer d’avec mon mari. — Comment s’appelle-t-il ? — Ha ! madame, je n’oserois vous dire son nom. — Les noms ne sont faits

  1. À la Pentecôte de l’année 1656. (T.)
  2. Pierres fausses. Il y a un homme au Temple qui a trouvé le secret de colorer les cristaux. (T.)