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votre frère ; c’est à vous que j’en ai l’obligation. À cela, en vérité, j’ai reconnu que j’avois bien des amis ; car il n’y a pas jusqu’à la Reine qui ne s’en soit réjouie avec moi. Voilà le fruit qu’on retire de ne faire de mal à personne. Une fois, ajouta-t-elle, je me trouvai embarrassée au Palais-Royal, à la mort du cardinal de Richelieu, avec bien des femmes entre des carrosses. Un homme me prend, et me porte jusque dans la salle où l’on voyoit son effigie. Je regarde cet homme. Il me dit : Vous avez autrefois pris la peine de solliciter pour moi, je vous servirai en tout ce que je pourrai. »

C’est la plus grande accommodeuse de querelles qui ait jamais été : il y a bien des familles qui lui sont obligées de leur repos. On la choisit toujours pour dire aux gens ce qu’il leur faut dire. Madame d’Aumont, veuve de M. d’Aumont, dont nous avons parlé, dit : « Quand madame Pilou n’y sera plus, qui est-ce qui fera justice aux gens ? » Elle ne se veut point mêler de donner des valets ; elle dit qu’on en a toujours du déplaisir.

Un jour elle tomba dans la boue, en allant au sermon aux Minimes de la Place-Royale : une autre fût retournée chez elle ; mais elle, bien loin de cela : « Il faut profiter de ce malheur, dit-elle, je me ferai bien faire place. » Elle étoit si sale et si puante que tout le monde la fuyoit ; elle eut de la place de reste.

    jouoit un rôle dans un roman de mademoiselle de Scudéry. « La vieille madame Pilou, dit-il, célèbre dans le Cyrus, sous le nom d’Arricidie et de la Morale vivante, m’a dit qu’en sa jeunesse, etc. » (Sauval, Antiquités de Paris, t. I, p. 189.)