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amourette passa bien avant, et le mari surprit un billet de sa femme en ces termes : « Notre soutane va aux champs ; viens vite, car je meurs d’envie............ » Villemontée est pourtant bien fait ; mais peut-être........ On a dit que le grand-prieur, en colère de ce que l’intendante l’avoit refusé, avoit fait avertir le mari par des Jésuites. J’ai de la peine à le croire, car c’étoit un bon homme. Le mari fut assez fou pour faire du bruit de cette lettre. Il mit en prison, dans un château, une bossue de La Rochelle, nommée La Villepoux, qu’on accusoit d’avoir été la Dariolette[1] ; et, après l’y avoir tenue long-temps, il la laissa aller, et il mit sa femme en religion : depuis, il la relégua à une terre. Il eut assez d’enfants de sa femme, entre autres une fille, qui étoit l’aînée. Elle ne voulut pas déshonorer sa mère en faisant autrement qu’elle ; elle trouva de très-bonne heure un L’Épinay. Ce fut un nommé Ruelle, que mademoiselle de Bussy avoit donné au père pour secrétaire. Elle eut l’honnêteté de lui permettre de lui faire un enfant ; elle n’avoit que douze ans. Le père se contenta de le faire fouetter dans une cave et le chassa, car il ne sauroit s’empêcher d’être toujours un peu fou. Cette aventure ne fut pas trop divulguée, et elle n’empêcha pas que Belloy, qui a été depuis capitaine des gardes de M. d’Orléans, ne l’épousât. Elle étoit pour lors auprès de madame de Fontaines, dame d’atour de Madame, où Villemontée l’avoit mise. Belloy fut attrapé en toutes façons, car on dit qu’il n’a point eu ce qu’on lui avoit promis en mariage, les affaires du beau-père étant si décousues qu’il fut contraint de vendre ses ter-

  1. Voir la note 3 de la page 48 du tome I.