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de leur noblesse, et ils disoient : « Nous voudrions pour plaisir qu’on nous pût mettre à la taille, pour avoir lieu de prouver notre noblesse. — Vous n’avez, leur dis-je, qu’à aller demeurer six mois à Lagny, vous en aurez le divertissement. »

M. le Premier autrefois fut un peu de la faveur ; il cabala avec Vaultier et madame Du Fargis. Il commença à branler dès le voyage de Lyon, et fut disgracié au retour de La Rochelle. Il avoit changé de religion : il alla en Hollande, et le prince d’Orange, qui aimoit tout ce que le cardinal de Richelieu persécutoit, le reçut à bras ouverts, et lui donna ses chevau-légers à commander. Beringhen acquit quelque réputation ; il revint en France après la mort du cardinal. Le reste se trouvera dans les Mémoires de la régence.




LE CHANCELIER SÉGUIER[1].


J’ai déjà dit ailleurs que le chancelier[2] est l’homme du monde le plus avide de louanges : on en verra des

  1. Pierre Séguier, né le 28 mai 1588, chancelier en 1635, mort le 28 janvier 1672.
  2. On m’a dit que ce fut Des Roches, le mâle, chanoine de Notre-Dame, fort riche en bénéfices, autrefois petit valet du cardinal de Richelieu au collége, qui, le connoissant par droit de voisinage, le proposa au cardinal de Richelieu pour garde-des-sceaux, comme un homme dévoué, et dont il lui répondoit ; le cardinal s’y fia. Le monde fut assez