Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est encore sur une montagne ; le sacrifice d’Abraham, aussi sur une montagne ; le sacrifice de Notre-Seigneur, encore sur une montagne. Il ne fait rien de miraculeux que sur ces montagnes ; aussi la Transfiguration, n’étoit-ce pas une affaire de vallon ? »

Voyant des gens jusque sur l’autel, il dit en entrant en chaire : « Voilà la prophétie accomplie : Super altare vitulos. »

Il prêchoit en un couvent de Carmes sur l’église desquels le tonnerre étoit tombé sans en blesser un seul. « Ah ! dit-il, regardez quelle bénédiction de Dieu ; si le tonnerre fût tombé sur la cuisine, il n’en fût réchappé pas un. » On dit Carme en cuisine.

À la fête de Pâques, il se faisoit une objection. « Mais un mari et une femme qui couchent ensemble un si beau jour, que feront-ils ? À cela il faut répondre par une comparaison. Si le jour de Pâques un débiteur vous apporte de l’argent, il est bonne fête ; mais les gens ne sont pas toujours en humeur de payer : je suis d’avis qu’on le reçoive. Faites l’application, mesdames[1]. »

À propos de romans, il disoit : « J’ai beau les faire quitter à ces femmes, dès que j’ai tourné le cul, elles ont le nez dedans. »

« Le paradis, disoit-il, est fait comme une ville ; mais c’est une ville comme La Rochelle, qui ne se prend point sans mouffles. »

Parlant de David, il dit que quand il alla en paradis, Dieu dit, le voyant venir de loin : « Qui est-ce ? » et puis, quand il fut plus près : « Ah ! c’est mon bon

  1. Je doute qu’il ait dit cela. (T.)