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ques années après, ayant été rétabli, le jour de la Madelaine, il dit : « Messieurs, une fois pour avoir fait des comparaisons je m’en suis mal trouvé. Vous imaginerez la Madelaine telle qu’il vous plaira. Passons la première partie de sa vie, et venons à la seconde. »

Le père André comparoit une fois les femmes à un pommier qui étoit sur un grand chemin. « Les passans ont envie de ses pommes ; les uns en cueillent, les autres en abattent : il y en a même qui montent dessus, et vous les secouent comme tous les diables. »

Il disoit aux dames : « Vous vous plaignez de jeûnes ; cela vous maigrit, dites-vous. Tenez, tenez, dit-il, en montrant un gros bras, je jeûne tous les jours, et voilà le plus petit de mes membres. »

« Toutes les femmes sont des médisantes, disoit-il ; je gage qu’il n’y en a pas une qui ne la soit pas : qu’elle se lève ; » puis il s’arrête. « Hé bien ! continue-t-il, vous voyez que pas une n’ose se lever. »

Un avocat s’alla confesser à lui, et lui dit fort peu de chose. Il lui ordonna pour pénitence d’aller l’après-dînée à son sermon : l’avocat y fut. L’Évangile du jour étoit : Dæmonium mutum, etc. « Savez-vous, dit-il, ce que c’est que Dæmonium mutum ? Je m’en vais vous le dire : C’est un avocat aux pieds du confesseur. Au barreau ils jasent assez ; devant un confesseur, au diable le mot, vous n’en sauriez rien tirer. »

Il en vouloit au curé de Saint-Severin. Il fit tomber le discours sur la bergerie, et qu’il falloit de bons chiens pour la garder. « Vous autres, dit-il aux