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pièces empesées qui avoit plus de trente ans. Jamais on ne lui vit un habit neuf, qu’il n’eût un vieux chapeau, de vieux bas ou de vieux souliers ; il y avoit toujours quelque pièce de son harnois qui n’alloit pas bien. La maréchale de Thémines disoit qu’il étoit « comme le diable qui a beau se faire agréable aux yeux de ceux qu’il veut tenter : il y a toujours quelque griffe crochue qui gâte tout[1]. » C’est de lui que Sorel se moque dans Francion, où un poète demande son pourpoint d’épigramme, etc.

Il y a onze ou douze ans qu’il eut une grande maladie, durant laquelle il fit une confession générale. Depuis cela il ne voulut plus se peindre la barbe et s’habilla comme un autre homme. Il disoit que, pendant son mal, son neveu lui avoit dérobé cent lettres qu’il fit imprimer sans suite ni ordre. Cependant il est tout constant que Porchères lui-même en demanda le privilége à M. Conrart, et aussi des lettres d’académiciens pour lesquelles il fallut aller à l’Académie. Ce fut la seule fois qu’il y alla, si je ne me trompe. Tout ce qu’il dit de ce neveu ne fut que lorsqu’il vit qu’on ne rendoit point ses lettres. Il a vécu jusqu’à cent trois ans. Il étoit grand et bien fait.

  1. Voiture fit ce pont-breton :

    Vous êtes seigneur,
    Monsieur de Porchères ;
    Chacun vous révère
    Et vous porte honneur.
    Changez de jartières,
    Monsieur le rimeur. (T.)