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Soleils, non ; mais éclairs de puissance inconnue,
Des foudres de l’Amour signes présagieux.
Car s’ils étoient des Dieux, feroient-ils tant de mal ?
Si des cieux, ils auroient leur mouvement égal ;
Deux soleils, ne se peut : le soleil est unique ;
Éclairs, non ; car ceux-ci durent trop et trop clairs.
Toutefois je les nomme, afin que je m’explique,
Des yeux, des Dieux, des cieux, des soleils, des éclairs[1].

Sa prose même ne valoit pas mieux, témoin le recueil du Carrousel, où il n’y a rien de bon de lui qu’une devise italienne dont le corps est une fusée, et le mot da l’ardore l’ardire[2].

Depuis, Malherbe apprit à parler françois. Je crois que Porchères a contribué avec Matthieu à gâter les Italiens d’aujourd’hui, et les Italiens à leur tour ont gâté quelques-uns des nôtres. Il n’y a que vingt ans qu’on a vu des secrétaires d’état[3] donner deux pistoles du Politico-Catholico de Virgilio Malvezzi[4].

La princesse de Conti faisoit cas de Porchères : il alloit tous les jours chez elle. Elle lui fit avoir l’emploi de faire les ballets et autres choses semblables ; pour cela, il avoit douze cents écus de pension. Il voulut en faire une charge, et l’avoir en titre d’office,

  1. Ce sonnet ridicule se trouve dans le Parnasse des plus excellents poètes de ce temps ; Paris, Guillemot, 1607 ; petit in-12, t. I, fol. 286. Il est aussi dans le Séjour des Muses, ou la Crême des bons vers ; Rouen, 1627, in-8, p. 372.
  2. Cette devise avoit frappé madame de Sévigné ; elle en parle dans la lettre à sa fille, du 11 novembre 1671 ; mais elle ne se souvenoit pas du livre dans lequel elle l’avoit vue.
  3. Brienne. (T.)
  4. Virgilio Malvezzi, écrivain italien, attaché à Philippe IV, roi d’Espagne, auteur de plusieurs ouvrages politiques. Il mourut à Cologne, en 1654.