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PORCHÈRES L’AUGIER[1].


Porchères L’Augier, dont nous allons parler, et Porchères d’Arbaud, dont il est parlé dans l’historiette de Malherbe, étoient tous deux de Provence, tous deux poètes, et tous deux de l’Académie. Chacun d’eux traitoit l’autre de bâtard, et soutenoit qu’il n’étoit pas de la maison de Porchères[2], assez bonne en ce pays-là ; mais ils s’accordoient en un point, c’est qu’ils étoient l’un et l’autre de méchants auteurs. Notre Porchères commença à paroître au temps de Nervèze et de son successeur Des Yveteaux, et étoit à peu près en vers ce qu’étoient les autres en prose : cela se peut voir par le sonnet que voici sur les yeux de madame de Beaufort :

Ce ne sont pas des yeux, ce sont plutôt des Dieux ;
Ils ont dessus les rois la puissance absolue.
Dieux, non ; ce sont des cieux, ils ont la couleur bleue,
Et le mouvement prompt comme celui des cieux.
Cieux, non ; mais deux soleils clairement radieux,
Dont les rayons brillants nous offusquent la vue.

  1. Les Recueils du temps contiennent un assez grand nombre de pièces de vers signées Porchères, sans qu’il y soit fait aucune distinction des deux poètes qui ont porté ce nom.
  2. L’un s’appeloit L’Augier de Porchères, l’autre d’Arbaud de Porchères. Le nom de terre seul leur étoit commun ; ainsi ils étoient de deux familles différentes.