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fort belle personne. Le mari étoit jaloux. Notre président fut trois mois dans un cabaret, comme garçon (de cabaret), il n’en avoit pas trop mal la mine, afin de prendre son temps pour lui parler, et la voir sans qu’on se doutât de rien. Il n’en jouissoit ainsi au commencement qu’avec bien de la peine : depuis il eut un peu plus de facilité ; mais elle le quitta pour un autre. Elle s’en repentit après, et se mit à genoux devant lui pour lui demander pardon ; il se moqua d’elle, et n’en voulut plus ouïr parler.

La belle Bourgeoise rencontra Patru en son chemin : elle se faisoit conduire par lui au sermon ; elle lui faisoit mille caresses. Lui, qui étoit amoureux de sa Lévesque[1], ne s’y amusa point : il est vrai qu’il croyoit qu’elle étoit engagée avec un nommé Sanguin. Il se trouva qu’elle étoit brouillée alors avec lui ; mais ils se raccommodèrent.

Nicolaï aima ensuite la fille d’un sergent, de laquelle il eut une fille. On a cru qu’il l’avoit épousée. Cette autre maîtresse étant morte, il pensa à se marier. Prêt d’être accordé avec mademoiselle Amelot, aujourd’hui madame d’Aumont[2], il vit la cousine-germaine de cette fille à l’église ; elle se nommoit également Amelot. Il en devint amoureux ; aussi étoit-elle tout autrement jolie que l’autre, et il l’épousa ; mais ils ont fait un triste ménage. Le désordre vient de ce qu’elle ne traita pas trop bien la bâtarde de son mari, car il l’avoit avertie de tout ; et par contrat de mariage il se

  1. Voyez précédemment dans ce volume l’art. de la femme Lévesque.
  2. Femme du frère aîné du maréchal ; il est gouverneur de Touraine. (T.)