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combien de visions. « Allez-vous-en, disoit-il, ma belle-sœur est une coquette. — Non, demeurez. » Il changea deux fois d’avis. Il la voulut mener à Montreuil ; on disoit que c’étoit pour s’en défaire, car cet air-là est contraire à ceux qui sont menacés du poumon. Étant arrivée à Amiens, elle le pria de l’y laisser. Ce fut là qu’elle eut la petite-vérole dont elle mourut. Madame de Bois-Dauphin y courut pour s’enfermer avec elle ; mais elle ne le voulut pas souffrir. Il y arriva lui ; elle lui demanda pardon, et lui jura qu’elle ne lui avoit jamais fait tort. Il dit que de la voir souffrir comme elle souffroit, cela le toucha ; mais qu’après il fut ravi d’en être délivré[1]. Il vit bien avec sa seconde femme mademoiselle de Bouillon, et il dit qu’il n’avoit garde d’y manquer, quand ce ne seroit que pour faire enrager l’autre.




LE PRÉSIDENT NICOLAÏ.


Le feu président Nicolaï, père de celui-ci, qui est le huitième du nom, premier président de la chambre des comptes, en sa jeunesse eut bien des amourettes : celle qui fit le plus de bruit fut celle qu’il eut avec la femme d’un bourgeois nommé Guillebaud ; on l’appeloit vulgairement la belle Bourgeoise, car c’étoit une

  1. Elle mourut à Amiens le 3 octobre 1654, à l’âge d’environ vingt-huit ans.