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qui a beaucoup de bonne volonté pour moi ; que personne n’y peut penser sans se faire tort ; qu’on pourroit lui en donner des preuves, et qu’alors Moret montreroit les lettres de madame de La Roche-Guyon, si M. le Prince d’Harcourt le désiroit. » Jarzé lui représenta que le plus court seroit de déclarer au prince d’Harcourt que M. de Vardes étoit si fort engagé dans cette recherche, qu’il ne pouvoit souffrir qu’un autre y pensât, et que là-dessus on verroit ce qu’il voudroit dire. Vardes lui répondit : « Vous m’avez promis de me servir à ma mode. » Jarzé et Moret y allèrent donc ; et le prince d’Harcourt ayant demandé à voir les lettres, Moret les lui montra : il les lut toutes, et leur répondit, à ce qu’ils ont rapporté, « que puisque ses parents l’avoient engagé en cette affaire, qu’il étoit résolu d’aller jusqu’au bout. » Il dit, peut-être lui a-t-on conseillé depuis de le dire ainsi, qu’il lui répondit qu’il ne croyoit point que madame de La Roche-Guyon eût écrit ces lettres ; M. d’Elbeuf dit qu’il feroit expliquer Jarzé, et cela est encore à faire. Tout le monde blâma la conduite de cet amant ; et si le prince d’Harcourt eût fait son devoir, il leur eût fait sauter les fenêtres.

Le prince d’Harcourt et sa femme ne furent pas long-temps ensemble sans qu’il arrivât du désordre : elle lui avoit, dit-on, déclaré qu’elle ne l’aimeroit jamais. Un jour qu’elle étoit allée avec sa belle-mère voir Mademoiselle, elle fit si bien qu’elle obligea madame d’Elbeuf à la laisser chez Mademoiselle, et à la venir reprendre le soir ou lui envoyer un carrosse, car elle n’en avoit point, ni personne de ses gens n’étoit avec elle. À quelque temps de là, elle se glisse dans la foule et