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gne du Cheval-Noir, le 6 de février 1650, si je ne me trompe. »

Cette femme est étourdie en toutes choses. Un jour de cour, durant le carnaval, elle logeoit à la rue Saint-Antoine ; elle avoit fait mettre auprès d’elle à la fenêtre son portrait ; elle étoit peinte en Madeleine. Elle a une fille plus belle qu’elle. Deux de ses parentes, madame d’Aumont et madame de Fontaines, toutes deux d’Angennes, et toutes deux veuves, donnèrent de quoi marier cette fille, de peur d’accident, et la marièrent à un M. de Villeré, du pays du Maine. Pour la seconde, on l’a mise avec madame de Saint-Étienne à Reims[1] ; elle n’est pas trop belle.

Depuis la mort de la bonne femme, elle fut encore plus en liberté. Elle menoit sa fille au bal qu’elle n’avoit encore que dix ans. Cette enfant, en 1654, étoit habillée magnifiquement ; mais l’année d’après on ne vit point cette magnificence, car Troubet le jeune, qui donnoit les robes, étoit mort. On disoit que cette femme l’avoit tué. On trouve en quelques endroits, dans les Mémoires de la régence, où il est parlé d’elle, à propos du duc de Brunswick, prince étranger, à qui elle fit faire une espèce d’affront dans une assemblée. À cette heure, pour cinquante pistoles on couche avec elle.

  1. Madame de Saint-Étienne étoit une fille du marquis de Rambouillet. (Voyez plus haut son article, t. 2, p. 256 et suiv.)