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puis qu’elle eut perdu son procès. Durant tout ce tripotage, elle se remaria à un avocat du Châtelet, nommé Taupinard, qui, au lieu de se mettre bien avec les procureurs, s’amusa à faire le plaidoyer de la cause grasse pour les clercs sur le mariage d’un procureur du Châtelet, qui avoit été contraint de prendre la vache et le veau. On sut que c’étoit lui, et au carnaval suivant les procureurs, pour se venger, firent faire le plaidoyer sur l’affaire de la Lévesque ; mais on le sut, et le lieutenant civil, s’y trouvant un peu piqué, y mit si bon ordre que la cause ne fut point plaidée : même il y eut quelques clercs qui furent mis en prison.

La pauvre femme, pour se dépayser, fit résoudre son mari à aller demeurer à Chinon, et à y acheter une charge d’avocat du Roi, qu’on leur avoit dit être à vendre. En ce dessein, ils vendent tous leurs meubles ; mais deux mois avant qu’ils y arrivassent, tout le monde à Chinon, qui est le pays de Rabelais, étoit informé de leur vie. Ils y furent joués et ne trouvèrent point de charge à vendre, et ils se virent contraints de demeurer à Orléans quelque temps pour avoir le loisir de se rétablir à Paris.