Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un brave, nommé Vieuville, qui lui devoit servir de second. Il fit faire un appel au conseiller, qui se moqua de lui, et ne se voulut jamais battre.

J’ai oublié que la Compain se décria si fort à Paris qu’on en fit un vaudeville que voici :

Je suis la belle Tourangelle
Qui viens me montrer à la cour.
Qui sait acheter mon amour
Ne me trouva jamais cruelle ;
Et l’on m’appelle la Compain,
Car mon … est mon gagne-pain.

Elle étoit plaisante. Une fois à Paris, je ne sais quel godelureau lui donna une sérénade. Le lendemain elle lui dit : « Monsieur, en vous remerciant ; vos violons ont réveillé mon mari, et il m’a croquée. »

L’affaire de la Lévesque fut jugée ensuite comme je l’ai dit, et La Barre se retira à l’hôtel de Chevreuse, fort embarrassé, car il ne la vouloit pas épouser, et après toutes les dépenses qu’il avoit faites, il lui étoit impossible de payer une si grosse somme sans se ruiner. Comme il étoit en cette peine, un secrétaire du Roi, nommé Bois-Triquet, qui avoit été autrefois petit commis chez son père, lui vint offrir sa fille ; elle étoit assez jolie, et son bien au compte du père étoit assez considérable. La Barre l’épousa ; mais, par la suite, on a trouvé qu’ils s’étoient trompés tous deux ; car la Lévesque a eu bien de la peine à être payée pour ses quinze mille livres et pour les vingt mille livres applicables à l’enfant. Il obtint arrêt par lequel il fut dit que ce petit garçon seroit mis entre ses mains, attendu la mauvaise vie de la mère. Elle s’étoit fort décriée de-