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fût parent de sa femme. Enfin il vit bien que ce n’étoit qu’un impertinent.

Bois-Robert appelle l’abbé Le Normand Dom Scélérat.

Madame Lévesque et Patru furent assez long-temps sans traverses, jusqu’à ce qu’un jour qu’ils étoient ensemble dans la chambre de la belle, le mari passe pour aller dans un cabinet, sans faire semblant de les voir ; le galant dit à la belle : « On nous l’a débauché tout-à-fait ; il y a long-temps que je prévois qu’il faudra rompre avec lui pour le faire revenir, car il me recherchera sans doute ; je m’en vais : dites-lui que je suis parti très-mal satisfait, et que je ne veux plus rentrer céans ; il ne manquera pas de dire que c’est ce qu’il demande, mais ne vous en épouvantez point. » Cela arrive comme il l’avoit dit : Lévesque venoit de boire avec des jeunes gens qui lui avoient brouillé la cervelle. Au bout de quelques jours Patru trouve Lévesque aux Carmes, et lui tourne le dos tout franc. L’autre, qui avoit mis de l’eau dans son vin, en fut un peu surpris, et dit le jour même à sa femme : « Vraiment M. Patru est tout de bon en colère ; il m’a aujourd’hui tourné le dos aux Carmes. — Je vous avois bien dit, répondit-elle, qu’il partit de céans très-mal satisfait. » Ce ressentiment que Patru avoit témoigné fit l’effet qu’il espéroit ; voilà Lévesque à courir après lui. Comme ils étoient sur le point de renouer, Lévesque meurt en fort peu de jours ; et il étoit si bien revenu qu’il dit en mourant à sa femme qu’elle se fiât à lui en toutes choses, et qu’il n’avoit qu’un seul regret, c’est de n’avoir pas renoué avec lui. Il déclara aussi qu’il lui devoit quelque argent, dont Patru