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din du Palais-Royal, elle avoit une porte pour y entrer ; elle s’y promenoit avec sa demoiselle jusqu’à deux heures après minuit, et le mari fut contraint de faire cacher des gens qui lui firent peur, afin qu’elle n’y fût plus si tard. Cette grande liberté que cet homme lui donna durant l’absence de sa belle-mère la gâta entièrement, et quand les bonnes gens furent revenus, elle avoit déjà pris un fort méchant pli ; d’ailleurs elle est naturellement étourdie, et par malheur elle a toujours eu affaire à des étourdis.

Le premier qui s’avisa de lui faire les doux yeux fut un garçon de la ville, lieutenant aux gardes, nommé Busserolles, si fou qu’il alla attaquer lui seul à la Don Quichotte une bande de sergents qui menoient un homme en prison, et le délivra sans le connoître ; il est vrai que son hausse-col, car il étoit de garde, imprima quelque terreur aux sergents. Depuis, il a parlé au Roi si sottement qu’on l’a cassé, au lieu de le laisser traiter d’une compagnie. Ce galant homme alla un jour pour voir la petite dame. On lui dit qu’elle étoit là auprès, chez sa belle-sœur Vanel, de qui on médit furieusement avec Servien. Busserolles y va : la petite femme revient ; on lui dit cela ; elle court chez sa belle-sœur ; ils se parlent. La belle-sœur, qui savoit que déjà on étoit en soupçon chez le mari, ne trouva cela nullement bon, et fit dire à Busserolles qu’il ne revînt plus chez elle. Voilà grande rumeur au logis : on défend à la petite femme de voir sa belle-sœur ; elle ne voyoit pas même sa mère, car la belle-sœur et la mère logeoient ensemble. Elle disoit une fois : « Jésus ! que faire au Cours ? Le Roi est parti. »

Il y en a aussi qui en sont fâchés. Tantôt elle a per-