Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


passion, qu’il avoit eu peur, s’il étoit exécuté le premier, que la dame ne fût sauvée par quelque miracle, et qu’un autre n’en jouît après : ce fut ce qui l’avoit fait résoudre à empoisonner son ami, comme il l’empoisonna, le jour même qu’il fut arrivé, sans lui donner le loisir de coucher avec sa femme.




COIFFIER.


Coiffier est fils de Coiffier qui a été commissaire au Châtelet, et dont la mère étoit cette célèbre pâtissière qui fut la première qui s’avisa de traiter par tête. Le père avoit eu quelque habitude avec le président Le Bailleul, lorsqu’il étoit lieutenant-civil ; de sorte que, s’étant mêlé de finances quand le président fut fait surintendant, il prit Coiffier pour premier commis ; d’Émery le continua. C’est un homme grave et terriblement cérémonieux. On disoit que d’Émery avoit Guerapin pour tenir parole, Chabenats pour fourber et, Coiffier pour faire des révérences. Madame Pilou disoit de lui que, pour commissaire du Châtelet, c’étoit un honnête homme, mais que pour un homme à carrosse, ce n’étoit qu’un benêt ; sa femme étoit aussi sotte que lui et par-delà. Ils avoient un fils assez honnête garçon, qui ne les pouvoit souffrir, et il étoit toujours absent ; ce fils mourut fort jeune. Son cadet est bien fait ; mais vous verrez par la suite quel homme c’est. Il est à cette heure maître des comptes. Son père