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Quelque temps après il vint retrouver madame de Rambouillet, et lui dit qu’il recherchoit une fille fort riche, et qu’il n’y avoit qu’une difficulté à l’affaire : c’est qu’il s’étoit vanté d’être parent de MM. de Montmorency, et qu’on souhaitoit qu’il fût reconnu pour tel. « Sur cela, madame, continua-t-il, je me suis adressé à vous, comme à une personne qui aimoit fort feu mon oncle, pour vous prier d’obtenir cette grâce de madame la princesse. » La marquise, au lieu de lui dire les véritables raisons qu’il n’eût pas comprises, lui dit qu’elle n’étoit pas en état de sortir. Un mois ou deux après, il revint la voir, et lui dit qu’il étoit marié, mais le plus malheureusement du monde. « J’avois recherché l’une des deux filles de la baronne de Courville, auprès de Châteaudun. Ces filles étoient en pension dans une religion à Paris. Je la fus demander à sa mère : elle qui, quoiqu’elle ait cinquante ans, est encore assez passable, me dit que pour ses filles elle ne les vouloit point marier, mais que si je voulois l’épouser elle, j’y trouverois mieux mon compte, et qu’elle avoit bien du revenu. Nous nous marions, mais j’ai épousé un diable ; elle a toujours le bâton à la main ; elle bat ses gens et ses paysans à outrance ; et pour moi, le lendemain de nos noces, elle me dit mille injures. » En disant cela, le galant homme dit toutes les injures de harangères et de crocheteurs. Madame de Rambouillet, surprise de cela, le pria de ne dire plus de ces choses-là. « Vraiment, madame, ce n’est pas là tout ; ma mère et ma sœur la vinrent voir ; elle les appela ..... (là, il en dit de plus terribles que les autres). Elle passa bien plus avant ; elle frappa ma mère ; ma mère le lui rendit ; elle mit ma mère