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du sang, se gouverna assez mal à Tours où il s’arrêta, et y mourut au bout de quinze jours à l’âge de quarante ans.




LA MONTARBAULT,
SAMOIS, ET DE LORME.


La Montarbault étoit fille d’un fermier d’Anjou : elle fut mariée à un homme de la condition de son père ; mais elle le quitta bientôt, soit qu’elle se fût fait démarier, ou autrement. Elle vint à Paris, où elle fut entretenue par De Lorme, le médecin. Cet amant ne lui étant pas assez fidèle pour l’arrêter, elle voulut faire une finesse qui lui pensa coûter bon. Elle prit du poison, et ensuite de l’antidote ; mais elle avoit pris du poison en telle quantité, que si De Lorme ne fût survenu à propos, elle passoit le pas ; encore eut-il bien de la peine à la sauver. Depuis elle épousa un gentilhomme nommé Montarbault, à qui elle ne voulut jamais rien accorder qu’ils ne fussent mariés. Cet homme s’en lassa bientôt ; car, quoiqu’elle fût belle, elle avoit l’esprit si turbulent, si enragé, qu’on ne pouvoit vivre avec elle. Sa beauté commençant à diminuer, elle se mit à souffrir ; elle avoit un million de secrets, et voyant qu’elle se décrioit à Paris, elle alloit faire de petits voyages dans les provinces. Une fois elle fit si bien accroire au duc de Lorraine qu’elle faisoit de l’or, qu’on a vu des lettres de lui par lesquelles il la recommandoit comme la personne du monde la