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personnes ont à cette heure, quoiqu’à sa mort il l’ait fait brûler avec bien des saletés qu’il avoit faites, l’origine du b....l, etc. Pour moi, je l’ai eue de sa sœur la religieuse à Reims : son frère en a une copie. Puis il l’avoit donnée à feu M. d’Esperses, et même à feu Châtellet, pour avoir sa satire contre Laffemas.

La cour vint une fois à Sainte-Menehould : il en part. Comme il fut à vingt lieues de là, il s’avisa qu’il avoit laissé cette histoire et autres pareilles dans un cabinet d’ébène en cette chambre. Il jure et peste. Ce gentilhomme qui a été page de son père s’offrit à les aller retirer. Il arrive justement comme M. de Chavigny, qui logeoit de ce jour-là dans cette chambre, étoit par bonheur sorti avec tous ses gens : il trouve moyen d’y entrer, et emporte tout ce qu’il falloit. Le soir même M. de Chavigny, sachant à qui étoient ces meubles, demanda la clef de ce cabinet ; peut-être même le fit-il ouvrir faute de clef. Depuis, le cardinal sut qu’il avoit fait cette histoire : il envoya M. le chancelier pour en voir quelque chose. Le comte y avoit mis ordre, et ne lui montra qu’une copie où il n’y avoit que des choses à l’avantage du cardinal. Le cardinal Mazarin a voulu avoir l’original. M. de Saint-Luc, dès qu’il put le recouvrer, le lui donna sans en rien lire ; je le sais de ce même gentilhomme qui le lui porta.

Le comte, voyant son père mort, prit la poste pour venir à Paris ; il tombe, et son cheval sur lui : il cracha

    autorité. Il dit positivement que la Milliade est de l’abbé d’Estelan. (Mémoires de La Porte dans la deuxième série des Mémoires relatifs à l’histoire de France, t. 59, p. 356.)