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Si M. de Bassompierre fût demeuré à la cour, notre abbé eût fait fortune, car il avoit de l’esprit. Il étoit porté à la satire. Un jour M. de La Rochefoucauld le défia de rien trouver contre lui ; il fit ce sonnet qui a tant couru. Un gentilhomme qui a été à M. de Saint-Luc m’a assuré que ce n’a point été le comte d’Estelan qui a fait l’épitaphe que voici, mais bien Comminges :

La mort ici-dessous rangea
Deux corps qui mangèrent Brouage ;
Ils eussent mangé davantage,
Mais la v..... les mangea.

Mais Malleville, qui étoit à M. de Bassompierre, m’a dit que le comte avoit fait depuis celle-ci par avance :

Enfin Saint-Luc ici repose,
Qui ne fit jamais autre chose.

M. de Bassompierre étant dans la Bastille, le comte ne demeuroit guère à la cour : il alloit souvent à Sainte-Menehould, en Champagne, proche de son abbaye. Il y avoit meublé une chambre chez un élu nommé d’Origny. Or, il avoit fait l’histoire des cinq premières années du ministère du cardinal de Richelieu[1], et une satire du passage de Bray, que plusieurs

  1. On attribue au comte d’Estelan la satire intitulée : Le Gouvernement présent, ou Éloge de Son Éminence, plus connue sous le titre de Milliade. M. Peignot donne cette pièce à Favereau, conseiller à la cour des aides. (Dict. des livres condamnés au feu, tom. I, pag. 133.) Nous avons rapporté dans la note I de la p. 366 du t. I, où nous avons déjà parlé de cette pièce, que Barbier l’attribuoit au poète Brys. Mais le témoignage contemporain de La Porte nous semble d’une grande