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pousa. Enfin elle rendoit tout deux heures après. Il lui falloit faire je ne sais combien de repas par jour, et, pour dormir, prendre de l’opium le soir.

Son fils, le comte d’Estelan, voyant que sa survivance de Brouage viendroit bien tard, et que son père avoit d’assez bonnes dents pour tout manger, prit la soutane à la persuasion de M. de Bassompierre, qui le trouvoit d’une figure assez propre pour l’Église. On lui donna une abbaye de dix mille livres de rente qu’avoit son frère, aujourd’hui M. de Saint-Luc.




LE COMTE D’ESTELAN[1].


Il avoit dix mille livres de rente en une abbaye, autant sur la comté d’Estelan, autant sur les Suisses, dont M. de Bassompierre étoit colonel, et une pension d’autres dix mille livres que le Roi lui donna pour renoncer à la survivance de Brouage. Il jouit de ces deux pensions trois ans durant, car M. de Bassompierre, ayant été mis dans la Bastille, ne lui pouvoit rien laisser prendre sur les Suisses, et la cour ne lui paya plus sa pension ; on ne le considéroit qu’à cause de son oncle. Il haussa son abbaye de quatre mille livres de rente ; ainsi il demeura avec vingt-quatre mille livres de rente pour tout bien.

  1. Louis d’Épinay, abbé de Chartrice en Champagne, comte d’Estelan, nommé à l’archevêché de Bordeaux, mourut en 1644, six semaines après le maréchal de Saint-Luc, dont il étoit le fils aîné.