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dre. Il avoit cent personnes chez lui, cent cinquante chiens avec lesquels il n’a jamais rien pris, grand nombre de méchants chevaux. Là-dedans on n’est point surpris quand on vous annonce de vous coucher sans souper, tant toutes choses y sont bien réglées. Il buvoit un temps du vin, un autre de la bierre, en un autre de l’eau. On dit qu’il est assez plaisant en débauche : « Quand je n’aurai plus rien, disoit-il, j’irai avec les Allemands. » Béfort lui valoit quarante mille livres de rente ; mais ayant pris le parti de M. le Prince, il a tout perdu.

Après une ivrognerie célèbre à Brissac, comme il s’en retournoit, un troupeau de cochons l’ayant renversé sur le pont, lui passa sur le corps, et il crioit : « Quartier, cavalerie, quartier ! »

L’aînée de La Suze se retira avec une sœur qu’elle a mariée en Bretagne. La cadette demeura encore quelque temps ; mais elle quitta sa belle-sœur, et mourut bientôt après. Elle étoit fort aimable.

On parla ensuite d’un greffier du conseil, nommé Potet, garçon fort médiocre ; mais il fit de la dépense pour elle, et la suivit au Maine. Je crois qu’il n’en a rien eu : mais le comte Du Lude, qui parut après sur les rangs, en eut apparemment tout ce qu’il voulut.

De Vannes Matharel, qui étoit familier chez le maréchal de Châtillon, lui fit un jour des reproches de sa façon de vivre, car elle avoit fait cent sottises. Elle lui dit : « Vois-tu, ce n’est pas ce que tu penses ; ce n’est que pour tâter, que pour baiser, pour badiner ; du reste, je ne m’en soucie point. Mon mari me le fit douze fois ; c’étoit comme s’il l’eût fait à une bûche. Si on m’avoit mariée comme j’eusse voulu, je ne ferois pas ce que je