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dépité de ce que le Roi lui avoit dit, part avec des coupe-jarrets ; et, comme l’abbé lisoit une lettre qu’ils lui avoient présentée, les coquins lui jettent une serviette au cou. L’abbé étoit un homme fort et vigoureux ; il leur faisoit de la peine, et l’exécution étoit un peu longue. Le marquis, impatient, entre dans la chambre et crie : « Joue du poignard. » Au bout d’un an ce garçon mourut comme fou. Comme le Roi l’aimoit, on n’osa poursuivre.




LE MARÉCHAL DE CHÂTILLON[1].


M. de Châtillon, petit-fils de l’amiral, avoit assez de bien ; mais il en dissipa la plus grande partie : il vendit à M. de Montmorency pour peu de chose l’amirauté de Guyenne ; il étoit débauché et d’amoureuse manière. Il fut un des principaux galants de la Choisy ; il l’alloit voir dans une maison fossoyée à la campagne. Le vieux La Haye, surnommé des Assemblées, à cause qu’il avoit été souvent député aux assemblées des huguenots, étant ami de la maison de tout temps, lui dit plusieurs fois que les frères de cette fille lui pourroient jouer un méchant tour, et, le pont levé, lui faire épouser leur sœur par force. Il en fut quitte pourtant pour y laisser bien des plumes. Il avoit aussi un régiment d’infanterie, en Hollande, que

  1. Gaspard III, comte de Coligny, né en 1584, mort en 1646.