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sages se trouvèrent bouchés ; tous les boyaux s’étoient rétrécis.

Vous voyez que la maréchale, en maris et en galants, n’a jusqu’ici que des vieillards ; mais elle eut un jeune galant lorsqu’elle ne fut plus jeune : c’est Monferville, fils du frère de Blainville, premier gentilhomme de la chambre ou grand-maître de la garde-robe, qui fut ambassadeur en Angleterre. C’étoit un fort beau garçon, mais un peu trop doucereux et trop normand. Il ne passoit pas pour un homme fort friand de la lame. Il ne manque pas d’esprit. On ne sait s’ils étoient mariés ou non, car on n’a vu ce garçon se marier qu’après la mort de la maréchale ; cependant il sembloit qu’il cherchât à se marier. La connoissance venoit de ce que ce garçon logeoit avec sa sœur dans une maison qui étoit à la maréchale, et elle logeoit dans une autre tout contre qui étoit aussi à elle. On l’accusoit d’avoir dit qu’une fois il avoit eu une côte enfoncée en portant des sacs d’argent qu’une dame lui avoit donnés. Le Pailleur, qui voyoit que la maréchale, par facilité, se laissoit accabler à toute la parenté de cet homme, trouva moyen de le faire sortir de cette maison et de faire passer à la maréchale une partie de l’année à la campagne.

La maréchale alla mourir à Poitiers, sept ou huit ans après[1]. Elle avoit juré de ne rentrer d’un an dans sa maison de Paris, à cause de la mort d’une vieille fille qui étoit à elle il y avoit trente ans ; on l’appeloit Boisloré ; elle étoit bâtarde d’un gentilhomme. La maré-

  1. En 1652. (T.)