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être. — Pour elle, répondit le Roi, je le veux bien. »

Un artisan devint amoureux d’elle à Charenton, en la voyant dans sa place où elle se démasquoit quelquefois. Cet homme, emporté par sa passion, s’en va chez elle, demande à lui parler, et, tout interdit, ne put jamais lui dire autre chose, sinon qu’il avoit un procès contre elle. Elle fait appeler Le Pailleur, demande ce que ce pouvoit être. Le Pailleur s’informe de cet homme, il n’y trouvoit aucune raison : il revint plusieurs fois et ne savoit que leur dire. Il rôda long-temps autour du logis, et enfin on le trouva mort derrière les murailles de Luxembourg. Elle logeoit alors auprès des Carmes-Déchaussés.

Voici une histoire encore plus étrange. La fille d’un gentilhomme de Beausse nommé Herville devint amoureuse en tout bien et tout honneur du ministre de Châteaudun nommé Lamy, qui étoit un homme bien fait, mais pauvre. Le père de la fille ne pouvant consentir à ce mariage, elle tomba dans une telle mélancolie, qu’enfin, de peur d’accident, il fut contraint de s’y résoudre. Le père lui porte donc des articles à signer. « Ah ! dit-elle, il n’est plus temps. » À trois jours de là, on la trouva noyée sur le bord du Loir.

Un abbé de Calvières, en Languedoc, ayant su que mademoiselle de Gouffoulens, de la maison d’Hauterive, dont il étoit amoureux, étoit morte, protesta qu’il ne lui survivroit pas long-temps. En effet, il refusa toutes sortes d’aliments durant quelques jours, avec une grande constance, et en mourut. On dit pourtant qu’on lui avoit persuadé enfin de manger, mais que les pas-