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trouver son bâtard, qu’il avoit donné à instruire à Gassendi, son intime, qui avoit logé ici chez lui si long-temps. Il disoit pour ses raisons que son parlement de Toul et ses amis l’occupoient trop à solliciter leurs affaires. Il fut bien malade à Toulon ; de là il passa en Italie, fut encore malade à Gênes, et enfin mourut à Pise. Il n’y a jamais que lui au monde qui se soit fait conseiller à Toul pour aller mourir à Pise.




LA MARÉCHALE DE THÉMINES.


La maréchale de Thémines[1] étoit fille de M. de La Noue, fils de La Noue Bras de Fer[2]. Je conterai quelque chose de ces deux gentilshommes qui étoient gens de grand mérite, avant que de parler d’elle.

La Noue, Bras de Fer, avoit fort mauvaise mine, et étoit toujours vêtu de chamois. Comme il heurtoit au cabinet, un jour que le Roi l’avoit envoyé chercher pour venir au conseil de guerre, un jeune cavalier, le voyant si mal bâti, se mit à le railler et lui dit : « On n’attend plus que vous, sans doute, pour conclure là dedans. » La Noue sourit. L’huissier ouvre : il entre. Le jeune homme vit bien qu’il avoit fait une

  1. Elle s’appeloit Marie de La Noue.
  2. François, seigneur de La Noue, dit Bras de fer, mort en 1591. Ayant eu le bras fracassé au siége de Fontenai-le-Comte, en 1570, on lui avoit fait un bras de fer, avec lequel il pouvoit tenir la bride de son cheval.