Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


il les rendit, et en fit mettre d’autres tout en lambeaux qui lui coûtoient dix sols moins par jour. Voyez le beau ménage : au lieu d’acheter du drap qui eût servi à habiller ses gens. Enfin, il fit faire un petit caveau entre deux portes dans le vieux cimetière, et il y a fait élever en pierre une espèce de tombeau qui ressemble à un regard de fontaine ; la pierre en est déjà bien mangée. Il les fit enterrer un jour de prêche sans aucune solennité, ni sans qu’on pût dire qu’on y étoit allé pour eux. Il avoit tenu le monde trois mois en attente pour ces funérailles. Pour quatre livres par an cet homme s’est mis mal avec sa mère, lui qui a huit cent mille livres de bien dont les deux-tiers viennent de ses frères, à qui il n’avoit pas donné seulement leur légitime.




LUILLIER
(PÈRE DE CHAPELLE).


Luillier étoit de bonne famille, fils d’un conseiller au grand-conseil, qui après fut maître des requêtes, puis procureur-général de la chambre, et enfin maître des comptes. Voyez quelle bizarrerie ! sa femme, qui avoit obligé le procureur-général, dont elle étoit fille, à se démettre de sa charge en faveur de son mari, fut si sotte que de mourir de chagrin, voyant l’inconstance de cet homme. Ce bon homme étoit débauché, et eut la v..... en même temps que son cousin Tambonneau, dont nous parlerons ailleurs. Il avoit assez bon