Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

civile, que sa partie avoit fait donner cet arrêt pendant qu’il étoit dans son néant.

En colère contre Monceau, son gendre, et le frère de Monceau, gendre de M. Rambouillet[1], parce qu’ils avoient pris la ferme des Aides qu’il vouloit avoir, et le conseil le traitoit de fou, il alla trouver M. Rambouillet, et lui dit qu’il avoit une petite grâce à lui demander : « C’est que vous ne trouviez pas mauvais que je fasse pendre votre gendre avec le mien, car ils ne valent rien tous deux. »

Il avoit prêté autrefois au feu Roi, dans une affaire pressante, jusqu’à quatre cent mille livres, qui furent portées à l’Épargne. Plusieurs fois, on lui voulut donner des assignations sur d’autres fonds ; mais il vouloit être payé à l’Épargne, où l’on ne paie que de petites parties. Il s’y opiniâtra si bien qu’il n’en toucha jamais un sou. Comme le feu Roi étoit à l’extrémité, Menant alla trouver messieurs du conseil, et leur dit qu’ils n’avoient point de charité, de laisser mourir le Roi sans faire restitution.

Il avoit une fille qui, dès l’âge de dix ans, fut cajolée par ce La Vallée, qui a été depuis l’homme du Roi auprès du maréchal de La Mothe en Catalogne. C’étoit un huguenot, fils d’un officier de feu M. le prince de

  1. Ce financier célèbre étoit le père d’Antoine Rambouillet de La Sablière, auteur de madrigaux fins et spirituels, et mari de la célèbre madame de La Sablière. Le père avoit créé dans le hameau de Reuilly, au faubourg Saint-Antoine, un magnifique jardin, dont il ne reste plus que la porte d’entrée. Sa famille étoit alliée à celle de Tallemant ; elle étoit tout-à-fait distincte de la maison d’Angennes de Rambouillet. (Voyez la Vie de La Sablière à la tête de l’édition de ses Poésies diverses, publiées par M. Walckenaer ; Paris, Nepveu, 1825.)