Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les dames les lui mirent en pièces pour en avoir chacune un morceau, et lui donnèrent de quoi avoir des souliers pour le reste de sa vie. Pour faire le conte bon, on disoit qu’une d’elles avoit acheté son prépuce tout ce qu’on avoit voulu. Quelque temps durant, on disoit qu’il se faisoit des miracles à son tombeau ; enfin, cela se dissipa peu à peu. Il disoit que le cardinal l’avoit reçu comme un prêtre, et M. le chancelier comme un valet de bourreau.

Revenons à M. de Belley. Quand M. d’Orléans alla loger au Luxembourg, il le fit prêcher. Cela ne lui étoit arrivé il y avoit long-temps, car les moines avoient eu assez de crédit pour lui faire défendre la chaire. On dit que M. d’Orléans, le jour de la Passion, étant au sermon entre La Rivière et Tubœuf, qui étoient pourtant assez éloignés de lui, il dit, comme s’il eût parlé à Jésus-Christ : « Je vous vois là, Monseigneur, entre deux brigands. » Prêchant le Carême dans le cabinet de Madame, en parlant des femmes qui se faisoient porter leur robe : « Je conseillerois, dit-il, aux pages et aux laquais qui leur lèvent la queue, de leur lever aussi la chemise, et de leur donner le fouet. »

Ayant vu prêcher M. de Grasse sur la matière de la grâce, il dit :

Voilà un sermon de la Grâce,
Prononcé de fort bonne grâce
Par monsieur l’évêque de Grasse,
Qui n’a pas la mine trop grasse.

Il persévéra et mourut aux Incurables en 1652.