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prit ce texte : Meam gloriam non dabo (je ne donnerai point ma gloire) ; et il joua toujours là-dessus.

Une fois, en prêchant devant M. d’Orléans, il dit que les bonnes intentions ne suffisoient pas ; que cela étoit bon pour Dieu, en qui vouloir et faire n’étoient qu’une même chose. « Par exemple, monseigneur, on dira quand vous n’y serez plus, car les princes meurent comme les autres hommes : M. d’Orléans avoit les meilleures intentions du monde, mais il n’a jamais su rien faire qui vaille. » Il y avoit là quelques évêques qui firent ce qu’ils purent pour irriter M. d’Orléans ; au lieu de cela, il manda à M. de Belley qu’il l’iroit encore entendre le lendemain. Le bonhomme se douta de quelque chose, ou peut-être en eut-il avis. Il prêcha, et se mit à parler des curés. « Quand un curé ne réside point, qu’il ne veut point obéir, on a recours à monseigneur son évêque ; on écrit à monseigneur à Paris, qu’un tel, etc. Monseigneur fulmine, etc. Voilà qui est bien, cela ; voilà qui est selon les canons. Mais monseigneur le prélat qui ne résidez point, que peut-on dire de vous ? » M. d’Orléans rioit comme un fou, et les pauvres évêques, car ils y étoient, étoient dans la plus grande confusion du monde.

Enfin, il permuta son évêché pour d’autres bénéfices de peu de valeur ; mais ce ne fut pas pour faire le courtisan à Paris. Il avoit du bien de patrimoine ; il en épargnoit tout le revenu à cinq cents livres près, et, avec celui de ses bénéfices, il le donnoit tout aux pauvres. De ces cinq cents livres, il payoit pension à l’hôpital des Incurables, où il s’étoit retiré pour assister les malades. Il n’y avoit point de valet, couchoit sur une paillasse piquée ; un de ceux de la maison le servoit, et