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« qu’une sotte femme qu’on appeloit madame d’Atis » (elle ne croyoit pas dire si vrai), « avoit fait deux réflexions sur le cardinal Mazarin : l’une, qu’il avoit inventé le hoc, que la France étoit bien malheureuse d’être gouvernée par un homme qui avoit le loisir d’inventer des jeux ; l’autre, qu’il avoit mis sa bibliothèque au-dessus de ses écuries, et que c’étoit parfumer les Muses avec du fumier. »

Elle mourut en 1656, et un certain pédant gascon, nommé Solon, qui étoit son domestique, on ne sait pourquoi, prit la peine de voler sa cassette quand il vit la dame à l’extrémité.




M. DE BELLEY[1].


L’évêque de Belley étoit fils d’un M. Le Camus-Pont-Carré, qui avoit été intendant des finances. Quand il étoit à son évêché, en Bresse, il voyoit M. de Genève, François de Sales, qu’on a béatifié depuis. Ce saint homme un jour s’étant plaint à lui de ce qu’il n’avoit plus de mémoire : « Pour moi, lui dit-il, j’ai autant de mémoire que jamais, mais je manque un peu de jugement. — Vraiment ! dit l’autre, vous êtes un vrai Israélite auquel il n’y a point de fraude[2]. »

En prêchant à Saint-Magloire, le jour de ce saint, il

  1. Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, né à Paris en 1582, mort en 1652.
  2. Cet aveu naïf, qui n’est pas sans fondement, est bien dans le caractère de simplicité de ce vertueux prélat.