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peu de temps après. La Reine, car c’étoit au commencement de la régence, alla voir la maréchale, et on enterra le maréchal dans Notre-Dame[1], honneur qu’on n’avoit fait encore qu’au maréchal de Brissac.




MADAME D’ATIS.


Madame d’Atis avoit été jolie en sa jeunesse, et on en avoit un peu médit. Son mari, qui étoit Viole[2], avoit toujours maille à partir avec elle, et il engrossoit toujours quelque servante ; cependant elle en parloit comme d’un Mausole. « Je l’aimois si fort, disoit-elle (car il n’y eut jamais une créature plus phébus), que si j’eusse pu, me faisant servante, le faire empereur, je l’eusse fait ; je lui étois attachée par de si beaux liens que la chair et le sang n’y avoient aucune part. »

Un jour qu’on parloit du cardinal de Richelieu : « C’étoit un grand génie, dit-elle ; mais la grande connoissance qu’il avoit du mérite des hommes m’a coûté bien cher ; il choisit M. d’Atis, et il ne pouvoit faire autrement, pour aller établir le roi de Por-

  1. Cette cérémonie eut lieu dans l’église Notre-Dame de Paris, le 8 juin 1644. L’Oraison funèbre du maréchal y fut prononcée par Grillié, évêque d’Uzès. Imprimée en 1656 dans le même format que l’histoire du maréchal, elle y est ordinairement réunie.
  2. C’est une maison de robe et d’épée tout ensemble. (T.) — C’étoit une famille du Parlement de Paris.